J’ai récemment été invitée à une visite guidée de l’exposition Zao Wou Ki et à une dégustation de thé de Chine oolong à Paris. J’y ai appris beaucoup de choses, tant sur le peintre chinois, ses œuvres que sur le thé oolong, sur la façon de le déguster. Plein de conseils pratiques distillés par le Palais des Thés qui œuvrait à la dégustation. De nombreuses idées reçues sur le thé ont aussi été mises à mal. J’ai, à cette occasion, satisfait à la fois mes yeux et mes papilles. Du très beau et du très bon au Musée Art Moderne de Paris.
Le thé oolong se déguste en infusions multiples : une vraie découverte !
En France, on a tendance à dire de ne pas réaliser plusieurs infusions de suite avec les mêmes feuilles de thé. Que nenni ! Au contraire en Chine, la dégustation de thé se fait en de nombreuses étapes. Il est coutume de réaliser jusqu’à 5 infusions successives avec les mêmes feuilles de thé, surtout pour les bons thés de qualité aux feuilles longues et le oolong s’y prête particulièrement Ce thé bleu ou vert appelé également Wu Long est un thé faiblement oxydé ou semi fermenté en provenance de Chine. C’est un thé qui peut être consommé tout au long de la journée et le soir car sa teneur en théine est faible.
Conseils pratiques : pour profiter pleinement des valeurs gustatives de ce thé de Chine, il est préférable d’utiliser une eau de bonne qualité, une eau filtrée ou faiblement minéralisée (type Evian) et de la verser à la température de 95°C. L’eau bouillante brûlerait les feuilles de thé et altérerait les molécules aromatiques qu’elles contiennent, donc les parfums du thé. La durée d’infusion varie, en revanche, en fonction de la théière utilisée. En fonte ou en porcelaine, il faut compter près de 5 minutes. En l’occurrence, l’équipe du Palais des Thés avait choisi de nous faire découvrir le grand cru Da Hong Pao et la méthode traditionnelle chinoise, le Gong Fu Cha. C’est une petite théière que les Chinois remplissent de feuilles et qu’ils laissent infuser 30 à 60 secondes pour la première infusion. D’ailleurs, ils la remplissent d’eau plus qu’il n’en faut et la laisse déborder, la théière étant posée sur un plateau de bois ajouré pour recueillir l’excédent d’eau. Le thé est servi dans de petites tasses et permet ainsi plusieurs dégustations. L’infusion est renouvelée jusqu’à 5 fois et les saveurs varient au fur et à mesure des infusions. Celles-ci sont à allonger progressivement. La robe du thé oolong est de couleur pêche et s’éclaircit peu à peu également. Peu à peu se révèlent des saveurs de miel, de beurre, voire de caramel. La première infusion étant celle la plus chargée en tanins, elle est donc plus astringente. Pour entretenir sa théière, nul besoin de la nettoyer avec du produit, il faut tout simplement régulièrement la rincer à l’eau chaude.
Dans cette exposition de grande envergure sur le peintre Zao Wou-Ki (1920-2013), le Musée Art Moderne de la ville de Paris donne à voir des oeuvres de grand format produites du milieu des années 50 au début du XXIème siècle. De par ses origines chinoises et sa première partie de vie en Chine, de par ses voyages aux Etats-Unis et sa vie en France, il est une synthèse des courants de peinture américaine, chinoise et française (Monet, Matisse…). Ces tableaux abstraits traduisent par leurs couleurs, par les pleins et les vides, les émotions du peintre. Les premiers sont plus chargés en huile et on y retrouve la puissance du geste : tout part du centre.
Ensuite, notamment avec ci-dessus Hommage à May (1972), sa seconde épouse, le tableau gagne en transparence et le peintre renoue avec l’encre de chine et la conception chinoise de la peinture empreinte de légèreté. Ses oeuvres s’inspirent alors des traditions aquatiques et vaporeuses, la densité est renvoyée sur le pourtour de l’oeuvre. La matière vibre…